Cette journée avait encore été longue, douloureuse. Duncan ne pouvait vivre au grand jour et cela le rendait fou. Une terrible impression de faiblesse le tenaillait chaque matin au levé du soleil. Lui, un des plus grands prédateurs de son espèce réduit à se cacher pour éviter de mourir brûlé. C’était insupportable ! Bien qu’après 204 ans il commençait à se faire une raison. La journée il ne cessait de tourner en rond, de s’impatienter. Il avait continuellement soif et s’il n’était pas dans une forêt dense il ne pouvait assouvir ce manque terrible. Cela le rendait encore plus fou et ne faisait qu’accroître sa violence. Puis, il avait beaucoup trop de temps pour réfléchir, pour penser. Et il n’aimait pas ça du tout. Il n’aimait pas repenser à ce qu’il s’était passé durant 204 ans, il n’aimait pas penser à Tara, à Nathanael, à réfléchir sur sa condition, sur ce qu’il était devenu. Il ne supportait plus de voir et revoir le regard si dur de son père sur lui. C’était d’ailleurs une des seules choses dont il se souvenait de son passé, de sa vie d’humain. Vie d’ailleurs minable et ratée. Il ne se rappelait plus précisément à quoi elle avait ressemblée, mais il lui restait encore un goût amer dans la gorge. Il savait qu’il avait du faire quelque chose qui n’avait pas plut à son père pour qu’il garde en mémoire ce regard si critique et déstabilisateur. Et puis bien sûr, il n’avait pas oublié la femme qu’il avait aimée et l’homme qui lui avait prit. Mais aujourd’hui il s’était vengé. A peine était il devenu vampire qu’il l’avait transformé et emmené avec lui, profitant de son amnésie pour l’arracher à Nathanael. Puis il avait mené une vie sanglante, violente, barbare. Jusqu’au jour ou Tara perdit un duel contre un sorcier. Depuis, tout s’était effondré. Duncan lui avait tout réussit, il n’avait cessé d’augmenter sa force et sa réputation de monstre. Tara salissait son image, et les sentiments qu’il lui portait disparurent petit à petit. Aujourd’hui il ne la garde que par fierté, par gloire. Il sait qu’ainsi il fait enrager son ennemi. Mais au fond de lui, il se doute qu’un jour il sera séparé de ce trophée. Un jour elle le quittera pour rejoindre les bras de l’autre vampire. Mais il préférait ne pas y penser pour le moment, il n’aimait pas qu’une situation l’échappe, il n’aimait pas ne pas tout contrôler. Cela le mettait dans un état de colère extrême et contrarié il se comportait comme un enfant gâté à qui on ne cédait pas un caprice. Il ravageait tout ce qu’il trouvait et faisait souffrir toutes les victimes qu’il allait croiser encore plus que d’ordinaire.

Aujourd’hui comme à chaque fois, il avait pensé à ça. Parfois il arrivait à faire le vide dans sa tête. Quand il parvenait à se contrôler, à se maîtriser. Il s’asseyait et se concentrait pour rester calme et chasser toutes pensées néfastes et désagréables. Mais cela ne durait jamais longtemps, il était bien trop impulsif et sauvage pour conserver une attitude paisible. Alors il se relevait d’un bond et hurlait sa fureur et sa rage. Plein de haine il jurait d’une façon à faire frémir le plus vulgaire des humains. Quand il avait de la chance il parvenait à se remémorer des instants plus jouissifs. Tel une nuit de folies avec des filles, ou bien une beuverie façon démoniaque. Il se saoulait au sang, ce liquide si chaud et si rassasiant. Chaque humain avait un goût différent, mais plus le temps passait moins il savait savourer cette authenticité. Il se comportait comme un être primaire, sans plus aucune éducation, pire encore qu’un prédateur. Il n’était plus qu’une machine à tuer, sans aucun style, sans aucun rituel. Il surprenait ses victimes et ne leur laissait aucune chance de lui échapper. Soit il les achevait sur le coup, soit il faisait durer la douleur. Il les faisait crier jusqu’à la mort, les éventrant, les vidant de leur sang. Dans ces moments, il n’avait vraiment plus rien d’humain. Dans ces moments on ne voyait plus que le monstre tortionnaire qu’il était devenu. Incapable de se nourrir proprement il se retrouvait à chaque fois recouvert de sang, tâché, les habits abîmés et limites saccagés par les mains tordues de douleur de ses repas. La nuit s’écoulait toujours ainsi, ou presque. Puis au petit matin il fuyait telle une proie poursuivie par le plus dangereux des attaquants.

Mais à cet instant il n’allait pas fuir, bien au contraire. Caché dans une cabane en bois d’à peine 5 mètres carrés il regardait le soleil se coucher à l’horizon. D’ici quelques minutes il allait pouvoir sortir de cette prison étouffante. Toute l’énergie qu’il avait cumulée durant la journée allait enfin pouvoir être évacuée. Il allait tuer, il allait faire taire cette douleur qui lui rongeait la gorge. Il était posté devant la fenêtre, immobile. Un sourire cynique se dessinait petit à petit sur ses lèvres, laissant apparaître ses canines plus développées que celles des autres. Il s’imaginait déjà les carnages qu’il allait faire. Et puis il avait envie d’une fille aussi, pour satisfaire son appétit sexuel tout aussi démesuré. Dans sa tête, tout était déjà organisé. Enfin, de façon plutôt aléatoire certes. Il savait juste dans quel ordre il allait procéder. Tuer vite, manger. Puis trouver une ou plusieurs filles, les séduire facilement comme à chaque fois. Et puis après plusieurs heures passées avec elle, les martyriser jusqu’à ce qu’elles le supplient de les achever. Chose qu’il ne fera pas bien sûr, juste pour qu’elles hurlent encore un peu. Que la douleur soit intenable, qu’elles n’en puissent plus. Et puis il en finira avec elle avant de se débarrasser lâchement de leur corps. Ah le corps féminin, c’est si beau… Duncan lui voue une fascination étrange, il est irrésistiblement attiré par lui. Il ne peut s’empêcher de le regarder, de le toucher, de le sentir. Il l’aime tant, il est sa passion, son envie. Il aime notamment les corps clairs, la chaire blanche et fraîche. Il n’est pas intéressé par ses filles qui mutent sous le soleil et deviennent sombre. Le corps est chaud, il n’aime pas. Mais trêve de pensées, le dernier rayon de soleil venait de disparaître. Il poussa de toute ses forces la porte qui lui bouchait la sortie, sans même prendre la peine de manier la poignée. Celle-ci se brisa et tomba au sol. Il fit quelques pas dehors, ferma les yeux et inspira l’air frais de cette soirée. Il écarta les bras, mis sa tête en arrière et gonfla sa poitrine. Puis il lâcha un long cri, telle une bête féroce qui va aller chasser. Et c’est ce qu’il fit. Il s’élança en direction de la ville. Mais elle était encore loin et il n’allait pas tenir la distance. Il n’en pouvait plus, il fallait qu’il tue. Il rentra dans la première maison qu’il croisa. Je ne vous décrirais pas le massacre qu’il effectua. Aucun membre de la famille n’y échappa. Les parents et les enfants, tous tués sauvagement. Mais ce fut bref, ils ne souffrirent pas beaucoup. Duncan sentait ce liquide chaud couler dans sa gorge, l’apaisant et le ressourçant. Il avait récupéré toutes ses forces et était prêt à marcher jusqu’à la ville.

Étant donné que son but était d’aller trouver des victimes il devait être propre sur lui. Il tua un homme dans la rue de sa corpulence et qui portait un ensemble classe qui lui convenait parfaitement. Il s’essuya, enlevant le sang qu’il avait sur le visage. Puis il enfila les vêtements propres de l’homme qui gisait au sol. Un pantalon de costard et une chemise blanche. Il ne ferma pas les boutons jusqu’en haut, sinon il avait une sensation d’oppression qui l’énervait. Il marchait dans les rues, sur de lui, fier, droit. Il croisa quelques personnes qu’il épargna, il n’était pas intéressé. Il avait décidé d’aller dans un bar, ou une boîte pour trouver un gibier de taille, une proie affriolante et appétissante. Il coupa par la bibliothèque pour aller plus vite. Il connaissait tous les chemins sur le bout des doigts. Il se sentait un peu le maître de ces lieux. Soudain, il entendit des voix. Intéressé il se fit discret et se fondit dans l’ombre d’une maison. Il écouta et observa la scène. Une jeune blonde sortait de l’enceinte du bâtiment et échangea quelques mots avec le gardien. Innocente, confiante. Il la détailla de haut en bas, alléché. Sa peau était comme il l’aimait, claire. Et ses cheveux blond ne faisait qu’accentué cette touche de beauté. Puis elle s’en alla et s’aventura des les rues sombres d’Hypérion. Il ne contait pas la laisser filer. Il se mit à la suivre. Alors qu’elle allait tourner pour quitter la petite ruelle dans laquelle elle se trouvait Duncan la devança sans bruit. Léger, rapide. Il se mit devant elle, l’empêchant d’aller plus loin. Son regard sombre et inquiétant se posa sur elle. Il dégageait cette force qu’ont tous les vampires. Il avait ce charme qui attire les filles. Son air puissant et viril intriguait et plaisait. C’était comme ça, tous les vampires étaient dotés de ces particularités. Et il ne s’en plaignait pas, c’était un gros avantage. Il glissa sa main dans ses cheveux blonds, la frôlant doucement et de façon inquiétante. Puis il lui dit d’une voix profonde et troublante :

« Il a raison, tu aurais dû rentrer plus tôt… »