Dans l'genre surprise et hyper touchée, on pouvait difficilement faire pire que Louanne. Faut dire qu'elle ne s'attendait pas à une déclaration de la part de Martin, surtout après ce qui les séparaient. Toutes ses belles paroles firent réaliser à Louanne, tout l'amour que lui portait l'homme en face d'elle. Même s'il était rempli de rancune, il ne pouvait se contrôler quand il s'agissait de Louanne et ne pouvait faire face et retenir ses sentiments plus longtemps. Et quelque part, Louanne était heureuse. Heureuse des paroles qu'elle venait d'entendre. Heureuse d'entendre que l'homme qu'elle aime, l'aime toujours autant qu'avant, que rien n'avait changé dans leur sentiments. Heureuse de voir qu'elle avait eu raison d'espérer, pendant tout ce temps. Ah ça, pour espérer, elle l'avait nuit et jour. Au début, chaque soir, elle ne voulait pas s'endormir, résistant au sommeil et évitant tout cauchemar. Dans ses plus grands rêves, elle espérait que Martin revienne et lui dise qu'ils se retrouvent. Mais le rêve tourne vite au cauchemar et c'est à ce moment là que Martin lui sert un flot de paroles monstrueuses et cruelles, mais à la hauteur du geste de Louanne. Et à chaque fois, elle se réveillait au beau milieu de la nuit, en sueur et pétée de trouille afin de voir que ce cauchemar se réalisera un jour où l'autre. Et rien que pour ça, avant même de tomber sur Louanne ici, il aurait très bien pu se pavaner dans l'université, faisant limite exprès de tomber sur Louanne, avec une autre jeune femme, tout aussi jolie voire plus jolie que Louanne, à son bras. Au lieu de ça, il passait au dessus de cette sale histoire et préférait écouter son coeur. Alors comment pourrait-elle se foutre des belles paroles du beau canadien ? Comment elle ferait ? Elle attendait ses paroles depuis le jour où elle avait commencé à rêver souvent de lui, revivant leur souvenir, les bons comme les mauvais. Voir que Martin essayait de se retenir pour ne pas pleurer, son visage et son regard rappela à Louanne, la fois où le jeune homme avait su être convaincant et persuasif, au moment où Louanne avait eu le plus besoin de ses paroles. Au moment où Louanne n'avait plus cru en rien, ni en leur amour, ni en Martin. Et c'était le seul qui arrivait à faire changer d'avis et à convaincre la tête de mule qu'est Louanne. Et rien que pour ça, il mérite une fière chandelle. Il sait qu'elle n'est pas souvent facile à vivre, changeant d'humeur comme de chemise, mais d'après ses paroles, il ne peut cesser de l'aimer et surtout faire semblant. Le fait qu'il passe au dessus de ses sentiments, Louanne se rappela des nombreuses crises de jalousies de Martin, lorsque Louanne rentrait des cours accompagné par un autre garçon. S'énervant à moitié, le jeune canadien sortait rapidement de ses gonds lorsqu'il voyait Louanne traînait avec un autre garçon que Martin. Mais Louanne aimait ça et le pire, c'est que ce n'est pas si elle le faisait exprès de regarder d'autre garçon que Martin, pour le rendre jaloux et lui prouvait encore et encore qu'il était fou de Louanne et qu'il n'avait d'yeux que pour elle. Elle aimait ça, sentir qu'il était jaloux qu'elle puisse s'interesser à un autre type que lui, mais ce qu'il ne savait pas c'est qu'elle le faisait exprès pour le mettre en colère, et elle adorait le voir en colère. Ca le rendait ne serait-ce qu'un peu plus sexy et charmant. Par moments, ça en devenait maladif, sa jalousie mal placée, mais ça ne durait jamais. Ils n'étaient jamais capables de tenir plus d'un quart d'heure à se faire la tête. Et à chaque fois, ça se terminait dans les rires et dans le bonheur absoluement. Et ce temps là, Louanne voulait plus que tout le retrouver.

Alors lorsque Martin avoua qu'il s'en foutait de ce qu'avait fait Louanne, qu'il ne voulait pas de ses excuses, elle remua légèrement la tête de droite à gauche, voulant lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas lui pardonner, qu'il n'avait pas le droit de lui céder, de faire comme si elle ne l'avait pas fait souffrir. Alors elle laissa les larmes envahir ses joues, ne pouvant se retenir plus longtemps.
– « Lou’ tu sais quoi je m’en fou, je m’en fou de ce qui s’est passé, je m’en fou que tu sois partie, après tout je n’avais pas à réagir comme ça, j’aurais du être heureux pour toi, on aurait continué notre histoire en se voyant les week-ends et pendant les vacances. Chérie, je veux pas de tes excuses tu n’as rien à te reprocher, c’est même moi qui est en faute de ne pas t’avoir comprise sur le coups et de ne plus t’avoir donné aucunes nouvelles. »

La relation à longue distance, c'était justement ce qu'elle n'avait pas voulu, pas avec Martin. Entre eux, ils avaient toujours eu besoin d'un contact permanent, ils avaient en permanence besoin de sentir que l'un n'était pas loin de l'autre. Et en continuant leur histoire comme ça, ils auraient d'autant plus souffert du manque et de l'absence de l'autre. Alors losqu'elle lui avait dit clairement qu'elle partait, seule, elle n'avait pas voulu laisser entendre qu'elle voulait continuer leur histoire. Elle partait, donc tout était terminé. Elle savait que s'ils continueraient, ils se seraient vus entre deux vols d'avion et c'était bien la dernière chose que la jeune femme voulait. Pas avec Martin. Tout simplement parce qu'elle ne croit absoluement pas en les histoires à longues distances. Mais le pire, c'était que lorsqu'elle s'était rendue compte de l'erreur qu'elle avait fait, elle se sentait honteuse et s'en voulait, d'avoir prétendu aux yeux de tous, à Vancouver, que sa vie était auprès de Martin, et qu'elle l'aimait pire que tout, qu'ils finiront leur vie ensemble. Au début, quand elle voyait des couples faires des choses qu'elle avait fait avec Martin, c'était limite si elle ne se mettait pas à pleurer, s'acharnant décidément sur son sort. Mais au fur et à mesure, elle s'était endurcie et était devenue très, trop dure avec elle-même, se disant que si elle se retrouvait seule et idiote, c'était rien que de sa faute. Que Martin avait bien raison de lui en vouloir, qu'il ait raison d'être dégouté par Louanne, qu'il ne devait en vouloir qu'à la jeune femme.

Le jeune canadien venait de poser délicatement ses mains sur le visage de Louanne, cette dernière venait de déverser plusieurs larmes. Elle ne bougea pas, restant fixé dans le regard du beau brun. Elle ne voulait pas qu'il passe au dessus de tout, non, il devait lui en vouloir et lui faire payer ce qu'elle lui avait fait. Mais avec Louanne, le jeune homme se montrait beaucoup moins rancunier. La jeune femme baissa la tête une énième fois, retenant ses larmes.
« Tu ne peux pas passer au dessus de ce que j't'ai fait subir, Martin. C'est trop facile. J'veux pas que tu cèdes à chaque fois, et même si ce que tu ressends pour moi est plus fort que ta rancoeur. J'dis pas que j'veux pas que tu me pardonnes, au contraire. Mais ... Je ne veux pas que ... Que tu regrettes après. »


La jeune femme ne trouvait pas ses mots pour se faire comprendre. Mais elle ne voulait surtout pas qu'il se sente fautif alors que tout était de la faute de la jeune femme, sans exception. Lorsqu'il annonça qu'il voulait embrasser la jeune femme, elle se pinça les lèvres, comme elle savait si bien le faire. Ne bougeant pas, elle s'approcha à son tour des lèvres du beau brun, posant délicatement ses lèvres sur les siennes. Après un baiser rempli de passion et d'amour, la jeune femme resta collé à son amoureux, fermant les yeux et collant son front au sien. Elle était heureuse et se sentait en sécurité. Elle ne donnerait sa place, même pour un empire. Ne se retenant pas de rire, elle laissa les larmes qui furent vite remplassées par un rire enfantin.
« Comment tu fais pour continuer de m'aimer après tout ça ? J'aurais jamais cru que tu serais là pour moi, pour nous. »